C’était il y a 4 ans, un soir, il était tard, il faisait nuit et froid.
Exposition Unseen Versailles, galerie Serge Aboukrat, place Furstenberg. J’ai passé une partie de la nuit à y réfléchir. A écrire.
Les jours de bruine où la ville semble hostile et laide se prêtent particulièrement bien à ce genre de rencontre.
Au détour d'une rue, cette petite place comme une parenthèse.
Dans un angle, une bougie derrière la fenêtre, un phare dans la brume ambiante.
On pousse la porte.
Une autre nature de brouillard se répand, un brouillard douillet, cotonneux, intriguant. On pénètre dans un univers d'ombres fantomatiques.
C'est étrange.
On s'approche.
On recule.
Et l'on bascule de l'autre côté du miroir.
Là où le spectre lumineux de Marie Antoinette a encore toute sa tête.
La pénombre ne dissimule rien du faste ambiant.
Monarchie crépusculaire aux portes de la longue nuit.
Point de nostalgie.
Juste un songe.
L'antichambre du drame.
Les fêlures des statues témoignent.
C'est fini et cela n'en finit pas.
On se retrouve dehors, on flotte sous la pluie, un peu plus évanescent qu’avant.
Je suis retournée à la galerie le surlendemain et en suis ressortie facture à la main.
A ce jour, je n’ai acheté qu’une seule photographie. Question de moyens. Question d’intérêt également. Je n’ai pas le goût de la collection.
Elle était derrière la porte, à l'entrée de cet espace d’exposition exigu. Ce fut une rencontre. Un appel auquel j’ai répondu du mieux que j’ai pu.
Cette image était différente du reste de la série.
Elle nous tourne le dos. Drapée dans son long manteau noir, elle s’éloigne. Elle considérait ce cliché comme un autoportrait. C’était en décembre 2012.
Deborah Turbeville est décédée quelques mois plus tard.